Immeuble de bureaux
Inauguré en 1934, le bâtiment du 37 rue du Louvre a été commandé par Jean Prouvost, patron de presse, aux architectes Ferdinand Leroy et Jacques Cury. Destiné à accueillir simultanément l’administration, la rédaction et la production des journaux Paris-Midi et Paris-Soir, les architectes ont pris le parti d’exprimer clairement les diverses fonctions. Selon leurs propres termes, ils n’ont pas fait de recherches artistiques dans leurs études, voulant au contraire la façade d’une usine. Si les riverains de l’époque parlent « d’abominable construction », 75 ans plus tard le bâtiment s’est imposé dans le paysage parisien comme un très bel exemple d’architecture art-déco.
Dans les années 60, un nouvel immeuble est construit en mitoyen par la société de presse afin d’augmenter les capacités de production, Relié à chaque niveau au bâtiment historique, il se caractérise par une très forte épaisseur de plus de quarante mètres, et une structure mixte acier-béton.
Mais bientôt les difficultés d’approvisionnement et de distribution induites par une situation centrale à paris, l’évolution des moyens de production, conduisent au déménagement en 1979 de l’imprimerie. Les vastes sous-sols ne résonneront plus du fracas des rotatives.
Le départ définitif de la rédaction du Figaro au début des années 2000 permettait de donner une nouvelle vitalité à ce paquebot de pierre.
Le projet a alors consisté, dans le plus grand respect des façades et des espaces intérieurs, à remodeler l’ensemble hétérogène des ces deux immeubles contigus.
La forte épaisseur de l’ensemble, qui convenait à des travaux réalisés principalement de nuit, donc sans nécessité de lumière naturelle, était son principal handicap. Au prix d’une suppression de surface HON notable, un patio à été créé, principalement dans la structure du bâtiment 1960. Ce patio, planté et à l’air libre permet d’éclairer généreusement les plateaux de bureaux, et de les ventiler naturellement. Le choix de la façade intérieure s’est porté sur un mur rideau métallique alternant châssis vitrés et bardeaux de terre cuite, rappelant la brique industrielle utilisée à l’origine pour les façades internes du bâtiment de 1930.
L’entrée principale du bâtiment naturellement conservée à sa position d’origine, la deuxième problématique fut l’organisation des circulations verticales. En effet la gaine existante ne permettait pas d’installer des appareils aux normes actuelles. De plus le POS de Paris n’autorisait pas les émergences en toiture, le bâtiment étant plus haut que le plafond imposé. Une batterie en quadruplex a donc été glissée entre les éléments de la charpente métallique existante. Chaque appareil ne pouvant desservir l’ensemble des niveaux (afin d’éviter des édicules en toiture) il a été prévu une commande par destination qui permet de satisfaire aussi aux exigences en termes de trafic.
Les maçonneries extérieures de pierre ont été rénovées de manière classique par hydrogommage et ponçage. En revanche une étude approfondie a été menée pour les menuiseries métalliques. Les ensembles emblématiques des trois premiers étages ont été rénovés in situ, en réutilisant des profilés d’origine, leurs allèges vitées retrouvant leur transparence perdu dans les années 70, économie d’énergie oblige.
Les châssis isolés à guillotine des étages supérieurs ont été remplacés par des châssis basculants respectant strictement les épaisseurs d’origine mais offrant des profils à rupture de pont, des vitrages isolants et un affaiblissement acoustique élevé. Six châssis à guillotine ont cependant été conservés et restaurés in situ, témoin des techniques de l’époque.
La terrasse du septième étage a été entièrement rénovée, en conservant la fontaine en mosaïque de pate de verre et les aménagements d’origine. Une fabrication spéciale de ces pates de verre à été commandée en Italie, réalisée selon les techniques de l’époque. Le plafond à caisson et les boiseries du restaurant ont été également entièrement rénovés, de même que les ferronneries extérieures signées Raymond Subes et les bas reliefs du hall.
Un soin particulier a été porté aux prestations intérieures, notamment aux plafonds, lesquels devaient être le plus lisse possible, dans l’esprit d’origine, tout en permettant l’accessibilité aux organes techniques et une bonne correction acoustique. Les pierres naturelles choisies l’ont été dans la gamme des pierres originelles (comblanchien clair) ou dans l’esprit de l’époque (pierre café).
Si le bâtiment n’a pu bénéficier d’une certification HQE, celle-ci n’existant pas pour les réhabilitations au démarrage du projet, un soin constant dans la démarche a guidé l’opération. Ainsi les châssis basculants permettent une ventilation naturelle de tous les bureaux, évitant l’utilisation trop fréquente du rafraîchissement d’air. Les protections solaires, intérieures pour respecter les recommandations des Bâtiments de France, permettent cependant cette ventilation. L’utilisation de vitrages à couches a permis des performances élevées tant en facteur solaire qu’en taux de transmission lumineuse, en offrant une teinte proche de celle des vitrages d’origine. Une isolation thermique a naturellement été mise en place et l’alimentation en eau glacée se fait depuis le réseau urbain. La gestion du chantier a suivi également les prescriptions des chantiers à faibles nuisances.