Refuge dans les Cevennes
La famille B. possède depuis plusieurs générations une prairie sur les pentes du mont Lozère, constituée de « faïsses» (restanques), et plantée de majestueux châtaigniers. Ce terrain isolé est un lieu remarquable de contemplation et d’introspection. Situé à 15minutes de marches de la route il n’est accessible qu’à pied par une ancienne voie pavée de gros blocs de granit ; tous les matériaux sont montés à dos d’homme pour le chantier. De fait l’isolement devient aussi une contrainte pour la conception du projet, comment construire ou reconstruire des maisons en maçonnerie sans mule, ou engin mécanique pour charrier les volumes de sable ou autre matériau de construction traditionnel.
Le parti retenu pour la restauration de ce refuge est de surélever la construction en ruines par des panneaux de liège empilés les uns sur les autres comme un mur en brique. Léger et économique le matériau s’adapte aussi par la teinte grise qu’il revêt après une année de patine. Les matériaux granit et liège se répondent par des contrastes de surface, l’un plus lisse que l’autre. La structure est dissociée de l’enveloppe ramenée à l’intérieur ; elle s’exprime de manière sommaire dans ce pays d’architecture pauvre et austère. Quatre poteaux disposés selon un plan carré réinterprète et redivise le plan originel de la « jasse » (bergerie) issue des blocs cyclopéens sur lesquels est fondée la construction.
Deux éléments transparaissent comme une touche de modernité : la porte d’entrée qui témoigne de l’échelle des anciennes ouvertures ; également la large baie sud qui permet de jouir d’un panorama exceptionnel sur les crêtes cévenoles. On se retrouve ici immergé dans le très grand paysage.