CRÈCHE + LOGEMENTS PMR + ATELIERS D'ARTISTES
Saint-François - 1210 Bruxelles
L'allée Wauters est une impasse étroite perpendiculaire à la rue Saint-François, face à la célèbre piscine de Saint-Josse-ten-Noode. L'immeuble qui s'étend sur toute sa longueur a fait l'objet d'une rénovation lourde qui s'inscrit dans le cadre des subsides régionaux pour bâtiments isolés. Deux des quatre petites habitations mitoyennes étaient irrécupérables. Les deux maintenues n'étaient pas isolées. L'intention de l'auteur du projet était de créer pour ces "artistes" une nouvelle forme d'habitats groupés, dans un esprit communautaire avec une possibilité d'ouverture aux "extérieurs". Des circulations semi-publiques desservent les logements permettant à leurs occupants de présenter le fruit de leurs activités à caractère culturel et/ou artistique. La Région bruxelloise a soutenu l'architecture résolument contemporaine de ce projet . De par son implantation, l'immeuble n'est ouvert que sur un seul côté et est très largement vitré. Le bardage métallique blanc assure la cohérence de l'ensemble de la façade et est placé devant les anciens murs assurant une isolation par l'extérieur. Des capteurs solaires sont installés sur le toit plat.
Cette propriété communale en jouxtait une autre : un terrain, sis 34-36, rue Saint-François, non bâti après une démolition remontant à plusieurs années.
Ce projet de crèche et de logements accessibles à des personnes à mobilité réduite découle d'une volonté politique et s'inscrit dans le contrat de quartier MERIDIEN. Il a fait l'objet d'un appel d'offres sous forme d'un marché de promotion de travaux avec l'A.C. de Saint-Josse comme pouvoir adjudicateur.
Le maître de l'ouvrage délégué/promoteur a notamment été désigné sur base d'un projet conçu par le même bureau que celui de l'allée Wauters. Ceci a permis une étude soucieuse de la qualité de l'intérieur d'îlot engendré par les deux constructions.
La configuration de la future crèche est caractérisée par une longue oblique justifiée par 3 raisons principales :
*# tout en respectant les surfaces exigées par le programme de la crèche, ce qui supposait une occupation de l'intérieur d’îlot, la volonté première était de prendre des distances par rapport aux logements de l’allée Wauters ouverts sur cet espace clos.
*# la façade latérale largement vitrée de la crèche s'ouvre au sud
*# un maximum d’espace libre a été créé en intérieur d’îlot avec une perspective ouvrante perceptible depuis la rue.
Dans le même esprit, un escalier extérieur, pendant de l’escalier extérieur de l’allée Wauters, permet de réduire les volumes construits et fermés. Un patio, en forme de cour anglaise qui bénéficiera aussi du soleil du sud, permet quant à lui d’éclairer le sous-sol.
Les deux entrées "logements" et "crèche" sont distinctes. L'accès aux logements se fait via une cour intérieure fermée, mais ouvrant au travers des grilles une perspective sur l'intérieur d'îlot.
Le rez-de-chaussée, le premier étage et le sous-sol sont principalement occupés par la crèche. Les trois niveaux supérieurs sont affectés chacun à un logement pour personne(s) à mobilité réduite.
Les logements des niveaux intermédiaires comprennent deux chambres. Celui du dernier étage voit, pour des raisons urbanistiques (gabarits) , une de ses deux chambres supprimée au profit d'une terrasse.
L'enveloppe est légère, permettant de réserver le maximum de son épaisseur à l'isolation, notamment au nord (façade avant). Cette façade sera constituée d'un complexe comprenant une ossature support, une importante isolation et des panneaux de finition résistants dans le temps et faciles d'entretien, panneaux ininflammables teintés (gris) dans la masse et fabriqués à partir de matériaux naturels dont le principal est le fibres-ciment .
La toiture de l'extension de la crèche est végétalisée et trouve son prolongement visuel vertical sur la paroi de la cage d'ascenseur. Outre les avantages propres à la végétation en intérieur d'îlot, ce type d'aménagement assure une protection de l'étanchéité, permet une retenue des eaux de pluie, fixe les poussières atmosphériques et crée un apport non négligeable à l'isolation thermique et acoustique. La végétalisation extensive, relativement légère et peu épaisse, ne nécessite que peu d'entretien. Cette option concourt au maintien de la faune (notamment les oiseaux et les papillons faisant partie intégrante du monde poétique de la petite enfance) et de la flore.
En intérieur d’îlot, les grands vitrages sont protégés d'un ensoleillement trop important par des tôles métalliques dans lesquelles des cercles de différents diamètres ont été découpés. En période d'ensoleillement, des ellipses de lumière seront projetées sur le sol et les parois de la crèche. En façade avant, les châssis étant posés au sol, ces mêmes éléments, qui assurent la cohérence visuelle de l’ensemble, servent ici de garde-corps et de protection pour l'intimité, les diamètres le plus petits étant situés dans la moitié inférieure. La laque blanche apporte une luminosité dans la rue.
Avec l'évolution de notre société et plus particulièrement du statut de la "femme" qui tout comme l'homme a le droit au travail, la crèche jadis confidentielle occupe une place importante dans les programmes politiques et sa concrétisation trouve, de ce fait, sa place dans la composition d'un quartier au même titre que l'école, la piscine ou la bibliothèque. Elle a donc droit à une expression singulière. Nous n'avons pas voulu tomber dans le piège d'un symbolisme primaire, mais néanmoins créer une façade ludique, qui éveille les sens. Elle est légère par rapport à la façade de la piscine, en voie de classement, façade aux matériaux riches de par leur nature ou de par leur « façonnage », reflet d'une époque où le coût et les économies notamment d’énergie ne constituaient pas une véritable problématique. Cette époque n'est plus la nôtre.
Le projet architectural résolument contemporain a reçu tout comme celui de l'allée Wauters le soutien de la Région bruxelloise.
Le projet a été sélectionné comme "bâtiment exemplaire 2008, énergie et éco-construction"
La conception est avant tout axée sur la réduction des coûts de construction et sur la légèreté des techniques et matériaux employés. En effet, les besoins évoluent rapidement et la durabilité d’une construction doit intégrer la notion d’adaptabilité et d’optimisation du projet dans le temps.
Les façades sont donc libérées en utilisant une structure ponctuelle permettant la mise en place d’une façade préfabriquée à ossature bois. L’absence d’éléments porteurs en façade permet d’augmenter l’épaisseur d’isolation sans réduire les surfaces habitables. De plus, l’indépendance structurelle de la façade et les techniques de préfabrication permettent, par la réduction des coûts, de faciliter l’évolution, l’adaptabilité et le recyclage de la construction en fonction de l’évolution des techniques et des besoins notamment énergétiques.